On est arrivé tôt, avant l’ouverture des boutiques pour touristes. Il y avait déjà pas mal de gens qui circulaient dans les rues étroites, que ce soit les enfants allant à l’école ou les parents allant travailler.

J’attendais quelque chose de cette rencontre avec Venise, mais je ne savais pas quoi. On sait tellement de choses sur cette ville sans jamais la connaitre. Je savais surtout que la ville était envahie de touristes et que j’en ferai pleinement parti. Je n’espérais donc pas échapper à cela, je ne pensais pas, à moi tout seul, trouver le secret de la ville, voir ce que personne n’avait encore vu, comprendre quelque chose qui me distinguerait des autres.

J’ai pris la ville comme elle a bien voulue se livrer pendant quelques heures.

Ceux qui ont un téléphone en main sont des touristes, ils ont besoin d’un GPS pour savoir qu’elle rue prendre pour ne pas se retrouver coincé devant un canal sans pont. Si certains prennent des chemins différents, on fini toujours par se retrouver au même pont.

On retrouve les bateaux poubelles d’un canal à l’autre. On a entendu dire que c’était la mafia qui en gérait l’activité. Habituellement la mafia fait des choses sales pour ensuite blanchir l’argent, là elle fait un truc propre pour salir plus loin…

Très vite, la ville se met en place. Les boutiques éphémères pour touristes sont mises en place aussi rapidement que l’on ouvre un parapluie.

L’ambiance est détendue, mais il n’y a pas de temps à perdre, vu que l’on vend presque partout les même objets fabriqués en Chine, il faut être le premier à le vendre avant que ce ne soit le commerce suivant.

Rapidement on atteint la place Saint Marc pour prendre un deuxième café au Caffè Florian pendant qu’il n’y a pas encore trop de monde.

Très vite nous prenons un vaporetto pour prendre du recul, changer de quartier et continuer d’essayer de ne pas trop être dans le courant des autres touristes.

On discute rapidement photo avec un des équipiers de notre embarcation qui nous montre ses images (très réussies) de la ville sur son smartphone.

Les touristes seraient un sujet facile à faire ici. Mais alors, je ne verrais rien de la ville… Je me laisse donc flotter sans véritable ligne directrice.

Et je profite de ce plaisir de l’eau, de ce monde instable, du vent, de l’odeur du sel et de la vue sur la ville dont la skyline semble n’être qu’une ligne droite horizontale.

L’activité sur les canaux est assez intense. Les Vaporetto (Vaporetti ?) se croisent et s’évitent au dernier moment. Le sens de circulation et la priorité ne sont pas très clairs.

On est tantôt en ville, tantôt en mer. Passant d’une sensation de fluidité à une sensation plus rugueuse. La résistance de l’eau étant différente en fonction des courants, des vagues et de la puissance utilisée du moteur.

Les déplacements sur l’eau sont comme des temps à part, comme le sentiment d’un départ de voyage qui vous ramènerait toujours au même endroit. On tourne en rond en zig-zag.

Il y a toutes sortes de catégories avec les bateaux. Déjà ceux qui ont leur bateau et ceux qui prennent les transports en commun, puis les touristes et les habitués avec certainement pleins de sous-catégories. Parfois, avec un regard, une position du corps, une vibration ont sens les gens appartenir à l’une ou l’autre de ces catégories. On fait de la sociologie de cuisine de bateau…