Retour au Carillon

Le chat noir du Carillon me demande s’il peut monter sur mes genoux. Il commence à gripper sur la chaise à côté puis vient s’installer sur mes cuisses. Je le caresse comme je fais avec mes chats. Il se lèche et s’endort.

Deux femmes passent, hésitent à entrer dans le café et entrent. L’une s’amuse à danser sur la musique entraînante. Elles rient.

La vieille dame entrée avec son fils demeuré remet son sac autour de son cou en secouant son manteau avec la capuche qui la gênait.

Les deux femmes sont parties, le serveur débarrasse les tasses.

Quand j’ai commencé à caresser le chat, j’ai eu envie de pleurer en repensant aux attentats de 2013. J’étais venu dans ce café une semaine avant avec Alice. Je crois être à la même place qu’il y a 10 ans.

Je quartier n’a pas tellement changé. Il y a encore la trace du miroir collé par Laurence en face du café Prune

Madame Odile est née à Médrine Couteau (sans doute en Tunisie). Elle a pris un café au comptoir. Le serveur, nord africain, lui a fait répéter le nom du lieu pour lui dire qu’elle était « Médrine Couturoise »

Un habitué est entré, a pris le journal en se penchant par dessus le bar et le serveur lui a apporté un café crème. Il commente ce qu’il lit par des hochement de tête et des froncements de sourcils.

Une maman arrive avec son fils. Ils sont grands et minces tous les deux et habillés tout en jean.

Un homme traverse la petite place sur une planche à roulette jaune suivie par le bus 75.

Sur le marché une maman court derrière son enfant en l’accompagnant par la capuche, il veut voir ce qu’il y a dans les canettes à l’arrière du camion du primeur.

Je change un peu la position de mes jambes car le chat qui y dort depuis plus de 20 minutes me les engourdis légèrement.

Le petit vélo de Marioupol

La question des ruines est une problématique qui m’intéresse depuis de nombreuses années. Je lis ici ou là des livres et articles sur le sujet, mais jamais je n’ai trouvé en quoi cela faisait écho en moi. Je tente d’écrire, en ce moment, une petite synthèse sur le sujet mais je me perds dans les détails…

D’ailleurs, c’est au détour de mes recherches que “je suis allé” à Marioupol via GoogleMaps pour voir à quoi ressemblait cette ville. Je suis allé me promener de capture d’écran en capture d’écran autour de l’usine d’Azovstal. Je ai ainsi découvert les images prises à 360° d’un certain Андрей Чабан.

Cela m’a pris du temps pour regarder chacune de ses images, en faire des captures d’écran puis les recadrer. Du temps passé, avec parfois le sentiment de le perdre, mais comme si j’avais réellement réalisé ce voyage et ces images. Lorsque je visite une ville, je mets toujours dans mon programme le fait d’aller aux limites de la ville, des endroits sans intérêt, pour éprouver de l’ennui. La surface, même d’une grande ville, est finalement assez peu occupé de lieux emblématiques. Ceux-ci sont dilués dans de grands espaces de lassitude, parfois même de médiocrité, mais où viennent se nicher de nombreuses surprises et surtout une bonne part de l’esprit des habitants.

Ainsi, à force de passer du temps avec Андрей Чабан et son vélo posé là, le temps de la photo, j’ai fini par développer une certaine amitié pour lui, comme si nous avions fait la visite ensemble.