On a dû partir plus tôt de New York en raison d’une tempête de neige. Le passage de la frontière fut confus. Complètement endormis, je ne sais plus dire d’où je viens (New York ? Paris ? Avallon ? France ?) au douaniers pas très sympas.
Le bus roule vite sur les autoroutes enneigées.
Le chauffeur de taxi nous parle, avec presque une forme de tendresse ou en tout cas d’empathie, du SDF, pas méchant, qui dort dans l’entrée de la banque où Manon doit aller chercher du liquide pour le payer, en disant qu’il faut bien qu’il dorme quelque part.
La lumière du matin rend à la ville sous la neige tout son pouvoir graphique.
Manon doit rester chez elle pour aller au travail. Alice va donc s’occuper de moi et me faire découvrir quelques parties de la ville.
On commence par des grands magasins pour trouver un maillot de bain. Là, rien de particulier, c’est comme ailleurs, sans intérêt, mais ensuite on va marcher vers le parc de Mont Royal.
La monté nous réchauffe. Le froid ne se fait pas sentir.
La vue de tout en haut est trompeuse, en tout cas par rapport aux quartiers que je fréquenterai par la suite. Les immeubles haut rappelleraient New York de loin mais n’ont absolument pas la même cohérence.
Le café est une grande surprise, il y règne une liberté comme si chacun était chez soi ou comme si l’on était dans la cafétéria d’une université. un mélange de public/privé, on se sent dans une communauté.
En sortant du parc, nous traversons le quartier du plateau, celui que tous les français adorent et que j’ai immédiatement détesté sous cette lumière triste, la neige qui colle au chaussures et mouille le bas du pantalon.
Le fameux métro, ville sous la ville qui n’est pas du tout une ville, juste un fantasme. Des couloirs et des escalators reliant certains bâtiments avec quelques commerces sans urbanisme, juste de la fonctionnalité dans laquelle on ne fait que passer.
Retour chez Manon, la nuit commence tôt où l’on ne sait plus d’où vient cette fatigue : de la marche, du manque de lumière, d’une forme de dépression ou de la fatigue accumulée des voyages de Taïwan et de New York des semaines précédentes.
Je commence mon exploration seul. Alice est retournée à Sherbrook et Manon est à son travail.
J’aimerais rencontrer des gens, me faire des amis, tomber amoureux mais je ne fais que marcher et prendre des photos. Je ne suis disponible que pour mon regard sans arriver à entrer en résonance avec la ville. Juste les surprises propres au décalage d’avec mes villes habituelles.