Ma tante et mon oncle qui vivaient aux Antilles avaient décidé de rentrer en France en passant par New York où ils espéraient faire un peu de charter pour gagner un peu d’argent comme ils l’avaient fait au moment du centenaire de la Statue de la Liberté.
Les élections régionales venaient de se terminer. Les écolos étaient rentrés en nombre au Conseil régional. C’était ma première campagne électorale. J’avais besoin de vacances.
J’ai donc rejoint ma tante et mon oncle aux Antilles par avion pour remonter à New York à la voile avec eux ainsi que le fils d’un cuisinier réputé de La Rochelle.
La traversée avait bien commencé. De Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, nous sommes allez dans un autre port dont j’ai oublié le nom pour réparer le pilote automatique qui ne fonctionnait plus. Nous avons refait à la main les bobines électriques. Ensuite, nous avons accosté à Saint Martin dans la partie Néerlandaise.
Puis ce fut la haute mer. Plus de terre en vue, juste de l’eau.
Le temps a commencé à changer. La pluie a rempli l’annexe (petit bateau qui sert à aller à terre). Elle se transformait en ancre flottante. Il fallu se résoudre à l’abandonner en mer. Cet épisode attrista beaucoup ma tante.
Nous naviguions en faisant des quart. Tenir ainsi toute la nuit n’est vraiment pas facile quand on n’en a pas l’habitude. Je me souviens m’être endormi quelques secondes avec l’angoisse au réveil que cela est duré longtemps et que nous allions percuter un cargo ou se prendre le câble de celui le reliant à une barge.
J’ai pu apercevoir subrepticement un dos d’un énorme poisson. Sans doute un orque, ce qui m’a provoquer une énorme émotion que je ne serais toujours pas définir aujourd’hui.
Au milieu des Bermudes, le mât de misaine (le mât avant) s’est fendu. Nous ne pouvions désormais plus avancer qu’avec la grand voile.
depuis que nous avions perdu l’annexe, j’étais sujet au mal de mer. Je passais mon temps sur ma couchette. Mais quand il fallait faire une manœuvre, je sautais sur mes deux pieds et était tout frais dispo pour l’action.
Puis, un jour, j’entendis ma tante hurler. Le pilote automatique s’était bloquer et nous faisait empanner. Sauf que nous étions en grand largue. La retenue sur la baume, afin qu’elle ne batte pas trop avec le roulis, la fit exploser lors du virement de bord. Les nerfs de ma tante faillir lâcher. Mon oncle, comme dit la chanson, « un fameux bricoleur », arrangea les choses mais la grand voile ne donnait évidement plus toute sa puissance.
Le vent tomba, il fallu mettre le moteur. Sauf que nous n’avions pas assez de gasoil pour arriver à New York. Durant la nuit, mon oncle fit un appel radio pour savoir si, au cas où, quelques navires pourraient venir nous aider. Après quelques secondes qui parurent très longues, plusieurs bateaux nous répondirent en donnant leur position. Même les gardes côtes américains nous dirent se tenir prêt pour nous secourir.
Mon oncle les remercie et éteint la radio. Je lui demande pourquoi il ne leur demande pas de venir et il me répond que s’il le fait, les sauveteurs peuvent exiger 10% de la valeur du bateau. Dans ces conditions, il sera obligé de le revendre pour honorer la dette. On appellera que si l’on est en danger de mort.