Denis est un modèle parfait. Constant, photogénique et faussement détaché. Durant tout ce voyage, je lui aurai souvent parlé de W qu’il avait connu et pour laquelle il m’avait aidé à faire le déménagement entre Berlin et Avallon.

L’Alexanderplatz entre rétro et post modernité.

Chevauchement des luttes du XX° siècle et des jeux de foire. Tragédie et insouciance dans le même élan planétaire.

Mélanges d’époques architecturales, reflets des régimes politiques qui se sont succédé. Que garder du passé ? Le Berliner Stadtschloss (château de Berlin) symbole de la monarchie absolue; le Palast der Republik (Palais de la République) emblème de la RDA; le Humboldt Forum avec des restes humains et des œuvres pillées des anciennes colonies…

Le passé refait toujours surface. On en garde les traces bien visibles pour ne pas écouter les récits de vies qui y sont liés, comme avec Tränen Palast (Palais des Larmes) d’où les Allemands de l’Est partaient définitivement pour l’Ouest en abandonnant une partie de leur vie.

Devant l’ambassade Russe un drapeau Ukrainien et des affiches narguent Poutine et ses sales guerres impérialistes.

Nous nous éloignons de tout cela grâce à notre besoin de nourriture terrestres.

Lors du Nouvel An de l’année 1990, alors que le Mur était tombé le 9 novembre 1989 et permettait aux Allemands de l’Est de passer librement à l’Ouest mais pas à ceux de l’Ouest d’aller à l’Est, je me suis faufilé, dans la liesse générale, derrière le Mur avec A qui m’a photographié au pied de cette colonne de la Porte de Brandebourg. Ce portrait d’une banalité affligeante aujourd’hui était proprement incroyable à l’époque et j’ai, encore aujourd’hui, ce frisson d’alors quand je vais toucher cette colonne.

Les stèles élevées pour le Denkmal für die ermordeten Juden Europas (Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe).

Et le cube pour le Denkmal für die im Nationalsozialismus verfolgten Homosexuellen (mémorial aux homosexuels persécutés pendant la période nazie).

Quelques pans de Mur sur la Postdamer Platz recouverts de vieux chewing-gum. Chacun voulant laisser sa trace, même la plus dégueulasse…

J’adore le U-Bahn et le S-Bahn de Berlin, surtout quand ils sont aériens. Les travelling y sont doux, à bonne hauteur et les annonces sonores ponctuant les arrêts aux stations ajoutent la touche cinématographique qui fait de ces voyages des bouts de films de nos vies.

Sur la ligne U1, on travers le Kreuzberg d’Est en Ouest.

J’aurais aimé avoir un appartement donnant sur cette ligne pour voir passer les rames dans la nuit.

Denis, imperturbable.

Le reflet du logo du C|O Berlin (équivalement de la Maison Européenne de la photographie à Paris) fait comme une kippa sur le crâne regardant vers le musée Helmut Newton. À droite, la station Zoologischer Garten par laquelle j’arrivais alors en train de nuit dans les années 88-92.

Berlin aux lourds passés du XX° siècle n’a pas échappé aux turpitudes du XXI° comme lors de l’attentat islamiste du 19 décembre 2016 sur le marché de Noël avec un camion causant la mort de 13 personnes et blessant 56 autres. Le monument à leur mémoire, me fait penser à du Kintsugi. Il est au pied de la Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche (Église du Souvenir), elle même monument souvenir de la deuxième guerre mondiale.

Le Bild Zeitung me fait toujours penser à Heinrich Böll et son roman Die verlorene Ehre der Katharina Blum (L’Honneur perdu de Katharina Blum) qui m’a beaucoup marqué comme le reste de son œuvre.

En cherchant la Berlin-Uhr, j’ai trouvé la Uhr der fließenden Zeit (l’horloge du temps qui s’écoule) dans l’Europea Center.

La Berlin-Uhr (horloge de Berlin) ou Mengenlehreuhr (horloge de la théorie des ensembles) dont j’avais découvert l’éxistance dans le roman de Bernard Thomasson « Ma petite française ». Il y a aussi, sur l’Alexanderplatz, la Urania-Weltzeituhr (horloge universelle Urania) évidement.

En haut, il y a un bar où je passai une soirée éprouvante avec W, mais aussi un restaurant, où je passai un excellent midi avec Daniel.

Ombres et lumières, jour de la nuit, nuit des clarté.

Les escalators du KaDeWe pour trouver de bons produits avant d’aller manger chez Jean-Claude.

Hallesches Tor, rien que de prononcer son nom me met en joie.

C’est d’ailleurs pareil pour celle de la Platz des Luftbrücke.

L’Atlantic, Denis et Céline.

Soirée chez Jean-Claude, mon grand frère.

La nuit continue et notre deuxième journée commence…