Nous traversons la campagne portugaise, brûlée par les incendies de l’été. Paysages magnifiques et désolants.
La nature repart, comme la vie revient dans les villes bombardées. Les ruines après l’apocalypse.
Désolation de ce qui fut, espoir de ce qui va venir. Nostalgie et espérance.
Le soir, nous passons une dernière nuit dans un village proche du lieu du Boom Festival, avant de basculer dans un autre monde.
Nous passerons la journée entière sur de petites routes sur lesquelles ils nous auront dirigés pour absorber l’immense flot de voitures.
Nous avançons par à coup sans savoir si l’attente est enfin terminée ou s’il va falloir patienter encore des heures.
Finalement, nous plantons la tente, loin des scènes musicales pour pouvoir dormir au calme. Nous nous rapprochons d’un groupe d’habitués et bénéficions de leur bienveillance.
Le lendemain, en allant chercher d’autres affaires à la voiture, je me suis rendu compte de l’ampleur du parking rempli de centaines de voitures.
L’organisation est très efficace, fluide et bien rodée. Malgré le monde, on ne se sent pas au bord de la saturation comme parfois dans le métro parisien.
Très vite, le territoire structure ce que l’on va vivre. Les espaces musicaux, les espaces de repos, les espaces de restaurations… chacun correspond à un profil socio-économique différent.
Simplement, le code implicite semble être de ne pas remettre en cause l’organisation, le pourquoi de notre présence ici. Comme un événement religieux, il n’y a pas de questionnement, non pas pour les détails de la vie quotidienne, mais plus généralement de l’existence même de la fête.
Ainsi, 35.000 personnes s’installent autour d’un lac. Une ville sort du désert le temps d’un weekend. Il faut tout prévoir, les flux entrant de nourritures et de boissons et sortant des déchets. Le festival se définit comme écolo : les toilettes sont sèches, il est demandé de ne pas pisser dans le lac, des arbres sont plantés après le départ des festivaliers. Des messages d’amour et de tolérance sont diffusés un peu partout. La musique incite à se laisser aller, à entrer en résonance avec les autres et l’environnement.
Tout le monde semble beau et jeune. C’est une utopie bien séduisante, une bulle de temps suspendu. On comprend les habitués qui reviennent tous les deux ans. Il y a comme une intensité de vie apportée par la musique et amplifiée par quelques drogues. Un unanimisme loin de la politique, de la misère sociale à préserver collectivement.
Outre la musique, les décors, les animations, les ateliers, les œuvres artistiques tout concours à la beauté du moment. Tous les sens sont sollicités et stimulés pour le plaisir de l’instant.
Il y a toujours une petite surprise quelque part, comme une attention particulière pour vous redonner le sourir.