On est arrivé en fin de journée dans la petite ville d’Ericiera. Il y avait une petite ambiance détendue de vacances en bord de mer.

Un mélange de familles, de jeunes et de vieux. Aucune tension.

Le groupe sur la scène sur la place du village dégageait une énergie folle, une puissance sans agressivité. Ça donnait envie de danser, juste d’être bien au milieux des autres.

Nous avons été dans un restaurant donnant sur la place. Nous avions la salle pour nous, le monde était dehors à écouter le concert.

Il n’y avait que ce petit garçon qui s’ennuyait et regardait la télévision. La joie du dehors contrastait avec la tristesse qui se dégageait de cet enfant.

Au petit matin, en sortant du camping, le village avait des allure de réveil difficile. La fête ne dure qu’un temps, mais diffusait encore quelque chose de doux.

Quelque chose proche de l’enfance. Le sentiment du temps suspendu qui s’étire et l’ennuie moileux d’attente de la prochaine fête du soir.

Selon l’âge, les uns attendent l’éternité d’une vie qui commence et n’aura pas de fin, les autres aussi, l’éternité d’après la vie dont on sait désormais qu’elle fut brève.

Indistinctement de l’âge, tous se retrouve face à leur enfance. Une douce nostalgie de tendresse ou de manques impossibles à combler. Quelque chose de plein et de vide à la fois.

Les fêtes collectives du soir, renvoient certains à la solitude de la journée. Aux cicatrices qui ne veulent jamais se refermer et déchirent tout autour d’elles.

Reste qu’Ericiera est un village inspirant. Les maisons sont basses et lumineuses, la mer s’ouvre vers le Nouveau Monde et dilate l’âme. C’est effectivement là qu’on aimerait se poser à condition d’être en paix avec soi-même.

 » Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! /
Suspendez votre cours : / Laissez-nous savourer les rapides délices / Des plus beaux de nos jours ! “

(…)  » Mais je demande en vain quelques moments encore, / Le temps m’échappe et fuit ; / Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore / Va dissiper la nuit.”

 » Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive, : / Hâtons-nous, jouissons ! / L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; / Il coule, et nous passons ! « 

Sur le port, les marins rangent les lignes de la pêche de la nuit. Presque sans parole, chacun refaisant les gestes de la veille.

Parfois, il faut rapiécer un filet. Économie de gestes, économie de paroles, on échange avec le regard.

Demain sera comme aujourd’hui comme hier. Seule la marée et la météo décaleront le rythme du travail.